Liberté

                                  

Malgré les fleurs de printemps et le chant des oiseaux j'entends la rage du monde, la grogne des voisins, les cris des bambins enfermés dans les cours. Malgré le calme apparent j'entends la tempête dans nos coeurs, nos esprits, nos ventres qui se serrent de désir, d'envie et d'impatience. Malgré les applaudissements, j'entends derrière les fenêtres ceux qui attendent, j'observe les dessins des enfants laissés aux vitres comme pour prouver qu'ici aussi il y a la vie. Dans ce soleil triomphant et derrière les portes closes grandissent les enfants, aiment les Hommes, se cachent les animaux de toute cette agitation. Les bonnes intentions du début ont laissé place au temps, le tri prévu attendra, la cave restera encombrée et les habits d'hiver dans les armoires. La paresse s'est emparée de moi. La paresse de tout ce temps qui me reste.

Tout ce temps.

Tant de temps.

Nous sommes seuls au milieu d'un monde replié, des milliards dehors et juste nous à l'intérieur. Nous avons le temps d'observer le chemin parcouru et celui qui nous reste. Nous avons le temps, enfin, de nous poser les questions autrefois enfouies par l'agitation quotidienne. Et si ?  Et si tout ceci nous donnait enfin l'occasion tant espérée de voir vraiment ce qui nous entoure et ce que nous avons mis de côté. Nos rêves, nos espoirs, nos envies. Tout les petits "si" que nous avons semé sont-ils enfin prêts à être cueillis ? Ces moments impalpables comme des trésors, ces petits signes que la vie nous envoie parfois et que l'on range bien sagement dans nos vitrines de collections éphémères. Et si au coeur de l'enfermement il était enfin temps de reprendre notre liberté ? 

 17 avril 2020 - Jour 33 de confinement