Du temps

                                

Trois minutes, parfois le temps se joue à trois minutes, c’est quand même un peu fou non ? De se dire qu’il sera trop tard si l’on ralentit le pas, si l’on s’arrête pour contempler une vitrine, saluer le voisin ou même acheter un ticket de métro. Des gestes anodins, banals et sans importance qui peuvent abîmer un rythme qui tourbillonne dans le brouhaha ambiant d’une vie chronométrée, rythmée, cadencée.

On m’a demandé ce que je souhaitais pour 2019, on m’a demandé de ne dire qu’un seul mot. Instinctivement et sans réfléchir j’ai dit du « temps ». Le temps, la seule chose qui ne s’achète pas mais qui se prend. Le temps, celui qui passe, celui qui reste, celui que l’on a laissé filer, celui qu’on a perdu et celui que l’on s’est accordé. Du temps pour rester sur place, pour regarder le monde bouger, pour ne pas écraser les souvenirs et savourer les longs silences. Du temps pour devenir curieux et parfois même s’ennuyer un peu, pour remonter en sens inverse les files d’attente, pour attendre le printemps et rêver à l’été en regardant le mauvais temps. Du temps oui du temps ! Celui qui ne se mesure pas . Si 2019 pouvait ralentir et me laisser de temps à autre sur le quai à regarder passer les trains, à finir ce roman, cette conversation, ce café chaud. 2019 j’attends le temps, 2019 je prends le temps, je ne sais quelle heure il est, le temps a fui et me voici.