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Titouan, Margaux & Marius
4 juin 2018

Don d'ovocytes

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Novembre 2013:  je découvre par hasard sur un blog le témoignage d’une donneuse d’ovocytes. Si j'ai déjà entendu parler du don de sperme pour les hommes, je n'ai jamais rien lu sur le don d'ovocytes, je suis très surprise, je ne savais même pas qu'en France une telle chose était possible. Curieuse je me renseigne. Peu à peu je me passionne pour ce que je lis, pour toutes ces histoires de femmes qui attendent depuis si longtemps et qui décrivent un parcours que je ne soupçonnais pas. Mais l’idée m’effraie un peu, le traitement, les injections, la ponction, je ne sais pas si j’en suis capable. Mes recherches s’arrêtent là. Mais l'idée reste dans un coin de ma tête

Octobre 2017 : je relance mes recherches. Autour de moi plusieurs couples rencontrent des difficultés, je repense au don et je prends conscience de la chance que j'ai de tomber enceinte sans aucune contrainte. Je regarde mes enfants. J'en parle à l'Homme. Je passe de longues heures sur internet à lire des témoignages, des protocoles, des comptes rendus, je regarde même des vidéos et par hasard, je découvre le don croisé. Si je donne mes ovocytes je peux accélérer la demande d'un couple en difficulté. Voilà peut-être la clé pour aider ceux que j'aime et qui attendent. Finalement personne autour de moi ne se trouvera être dans une démarche de demande d'ovocytes. Je ne peux pas faire de don croisé, je vais donc faire un don simple. Cette fois je me dis que je pourrais bien aller au bout mais je reste prudente, je commence en me disant simplement que je vais faire les premiers examens et que je verrais bien. Je n'en parle donc à personne, pas même à ma famille. Tant que je ne suis pas sûre d'aller au bout de la démarche je préfère ne pas l'évoquer. Je me connecte à l'annuaire des CECOS de ma région, il y en a 4 en Ile de France. Je m'oriente vers le plus proche de mon travail ce qui me permettra de prendre les rendez-vous sur mes pauses déjeuners ou tôt le matin juste avant d'aller bosser. Je reçois donc un dossier du CECOS de Cochin avec des ordonnances pour pratiquer les examens nécessaires à la constitution du dossier. Un mois après je renvoi tout et quelques jours plus tard je reçois une convocation pour me présenter à l'hôpital. Je vais rencontrer plusieurs médecins et passer les derniers examens.

Janvier 2018 : le rendez-vous est pris par mail en fonction de mes disponibilités et de celles de l'hopital. La véritable aventure commence, j'entre dans le monde silencieux et complexe de la PMA. 

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Mars 2018 : je rencontre plusieurs professionnels de santé afin de compléter mon dossier. Le premier examen commence avec le psychologue, il me pose un ensemble de questions afin de déterminer le motif de ma démarche. Je continue avec une biologiste, elle étudie mes caractéristiques génétiques ce qui permettra de choisir au mieux la compatibilité avec les couples receveurs. En France le don est gratuit et surtout anonyme, cela signifie que je ne saurai jamais qui a reçu mes ovocytes et où sont ces enfants nés de mon don. De même que ces enfants et leurs parents n'auront jamais accès à mon identité. Aujourd'hui encore je n'arrive pas à savoir si c'est mieux ou pas. C'est comme ça, il faut l'accepter. C'est pourquoi la question qu'elle me pose à la fin me surprend "Si votre identité devait être révélée pour des raisons médicales ou bien tout simplement parce que la loi aurait changé, accepteriez-vous que l'hôpital révèle votre identité à ces enfants ?". Celle-là je ne m'y attendais pas mais spontanément je dis oui. Après tout, on ne peut pas interdire à quelqu'un de savoir d'où il vient. Ces enfants ont le droit de connaître leur identité génétique. Le rendez-vous se termine là-dessus. J'enchaine avec la généticienne. Là c'est tout l'arbre généalogique qui est passé en revue, grands-parents, parents, oncles, tantes, cousins... tout le monde est décortiqué. Elle étudie les antécédents, les risques médicaux et m'informe qu'un caryotype sera réalisé afin de savoir si je n'ai aucune anomalie génétique qui m'empêcherait de donner mes cellules. Après c'est au tour de la gynéco qui m'explique tout le protocole, les examens, les injections, la ponction et les effets secondaires. La matinée se termine par des prélèvements sanguins. Avec tout ces éléments, ces professionnels montent un dossier qui passe en commission. Une fois que cette dernière donne son accord, on peut lancer la véritable mise en place du don 

En sortant je suis un peu à plat, ça fait beaucoup de questions et d'informations sur une seule matinée mais au moins tout est bouclé et ma vie reprend instantanément son cours. Sur les conseils de la généticienne j'informe ma famille de ma démarche, les réactions sont assez variées mais plutôt bienveillantes. L'expliquer à mes propres enfants a été un moment particulièrement marquant pour moi. Je ne l'avais pas anticipé et c'est venu simplement dans une discussion sur le fait d'avoir des enfants. Leur dire comment mais surtout pourquoi j'allais donner " mes œufs" comme ils disent, c'était comme leur raconter l'aboutissement de ma maternité. 

 Avril 2018 : le dernier rendez-vous avec une gynécologue en médecine de la reproduction arrive. Elle m'explique tout, me montre chaque injection, me rappelle l'importance d'être ponctuelle et constante dans les piqûres. Il va falloir déterminer une heure entre 19h et 21h et s'y tenir jusqu'au bout. Il y a 4 produits, 3 sont sous forme d'injections et le dernier se présente comme un stylo. Tout se fera à la maison. Devant mes questions elle me répond avec humour que l'on trouve de merveilleux tutos sur internet qui expliquent tout beaucoup mieux qu'elle. Je souris. Elle m'informe également que 2 receveuses vont être contactées en fonction de leurs cycles et de leurs caractéristiques génétiques, deux receveuses à qui mes ovocytes seront attribués. Il n'y a donc pas de congélation d'ovocytes, les couples receveurs sont convoqués le même jour que moi et les ovocytes sont immédiatement fécondés. Chaque receveuse se verra attribuer 5 à 7 ovocytes en moyenne afin de prévenir le risque d'échec et de privilégier des fratries aux mêmes gênes. S’il y a des ovocytes en plus ils seront conservés pour d'autres receveuses.

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Mai 2018: une semaine après ce rendez vous, les injections commencent, je me débrouille seule et la gynéco avait raison on trouve tout sur internet ici, ou encore .  L'horaire stricte à respecter tout au long de la procédure m'a parfois amené à me piquer dans des endroits incongrus et à me déplacer avec ma poche isotherme. Si pour les deux premiers produits tout se passe bien, pour le troisième, le puregon, les effets secondaires se font un peu plus ressentir. Ce n'est pas douloureux juste un peu gênant, gonflement, douleurs pelviennes et lombaires mais c'est tout à fait supportable. La deuxième semaine tout s'accèlere avec deux injections quotidiennes, une surveillance écho et des prises de sang tous les 2 jours à l'hôpital. Puis la date est enfin fixée et l'heure de la dernière injection arrive. Sensation étrange de peur et d'excitation. J'arrive au bout de l'histoire. Le 31 mai je rentre à l'hôpital, je suis la première à passer, partout autour de moi des femmes qui viennent pour une ponction comme moi mais je suis la seule donneuse. Le moment est venu, j'arrive au bloc, le stress monte mais toute l'équipe médicale est adorable et en un claquement de doigts l'anesthésie générale fait effet. A mon réveil tout est terminé, sensation de fierté et de plénitude, j'ai réussi ! 16 ovocytes de prélevés, 16 ovocytes c'est ce qui devrait permettre à mes deux receveuses de devenir maman. Cela devrait même offrir cette possibilité à une troisième receveuse. Je suis fatiguée mais comblée.

 1er Juin 2018: maintenant que l'aventure est terminée je pense à elles et je pense à eux. A ceux pour qui la véritable aventure commence enfin. Ces futures mères, ces futurs enfants. Ces enfants qui sont les miens, biologiquement ils le sont car ils ont mon patrimoine génétique. Mais je ne les ai pas désirés, je ne les ai pas portés, ni attendus, ils ne sont pas mes enfants puisqu’ils ne sont pas le fruit de mon amour.

Et je pense à moi aussi, à la raison qui m’a poussée à faire ce don. Je l’ai fait parce que c’est un sujet qui me touche, beaucoup, et depuis de nombreuses années. Je l'ai fait parce que je trouve injuste que certaines femmes soient privées de maternité juste parce que leurs cellules ne fonctionnent pas correctement. Toutes ces femmes que j'ai croisées dans ces salles d'attente où la déco te dis de partout comment bien tomber enceinte. Des femmes pressées, des femmes inquiètes, des femmes qui embrassaient leurs conjoints, des femmes qui avaient les yeux fatigués ou le regard impatient. Je l’ai fait pour elles et parce que je pouvais le faire. Mais je n’ai pas agi uniquement par pure générosité je l’ai fait aussi pour moi, pour être fière de moi et pour me sentir encore plus forte. Aujourd'hui je sais que je peux enfin en parler sans être mal à l'aise. Je ne suis plus gênée et ce n'est plus un secret.

Aujourd'hui je compte les semaines et j'espere que ces petites cellules sont bien accrochées dans des ventres qui vont s'arrondir. J'y penserais aussi probablement dans 9 mois et puis de moins en moins j'imagine.

Si j'en parle aujourd'hui c'est parce que c'est comme ça que je l'ai appris, en lisant un blog. Sans ce blog je n'aurais probablement jamais su que le don d'ovocytes était possible en France. L'agence de biomédecine a lancé il y a quelques années une campagne avec des affiches et des brochures pour expliquer la procédure et susciter une augmentation des dons. Mais ces documents je ne les ai trouvé nul part. Il y a bien un site www.dondovocytes.fr mais je n'ai rien trouvé par hasard, toute la documentation que j'ai eu c'est parce que je l'ai volontairement cherchée. Loin de moi l'idée de convaincre ou de militer, juste d'informer que cela existe. En laissant là mon histoire j'ai un peu l'impression de passer le relais. 

Pour être donneuse il faut être en bonne santé et avoir moins de 37 ans au moment du don. #passelerelais 

Pour en savoir plus c'est , , ici  ou encore là  

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Commentaires
R
merci merci merci . je fais partie des femmes qui sont dans l'attente d'un don suite à une ENDOMETRIOSE et insuffisance ovarienne et ameniose il m'est impossible de tomber enceinte naturellement j'ai lu votre parcours le coeur serrer et j'ai été extrêmement émue. vous imaginez pas ce que votre témoignage ma fait du bien !! nous avons vu notre psychologue hier qui s'est assurer que nous sommes prêt pour ce don et la psy ma dmd comment j'imaginé la donneuse .. jamais je ne me suis posée la question ! étrange !!! grâce à vous j'ai pu me poser er me rendre compte de votre générosité qui va au de la de ce que vous imaginez ...vous êtes trop modeste !! je ne mets pas mon mail car je ne sais pas s'il apparaît sur votre blog ( dans nos proches personne est au courant nous voulons vivre ce don à 2 avec mon homme ) mais si vous voulez on peux échanger nos mails pour échanger sur ce don .. ça serait un réel plaisir. merci encore pr ce témoignage passionnant
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